Introduction à la comparution immédiate
La comparution immédiate est prévue par le Code de procédure pénale. Elle permet au tribunal correctionnel de juger rapidement une personne majeure immédiatement après sa garde à vue. Cette procédure s’applique uniquement aux délits ne nécessitant pas d’investigations supplémentaires, excluant :
- Les crimes et contraventions
- Les délits de presse ou politiques
- Les infractions commises par des mineurs

Conditions et cadre légal
La procédure est encadrée par les articles 393 à 397-7 du Code de procédure pénale. Elle ne peut être utilisée que si :
- Le délit est passible d’au moins 2 ans de prison (ou 6 mois en cas de flagrant délit)
- L’affaire est en état d’être jugée, sans nécessité d’enquête complémentaire
- Le prévenu est majeur
Délits concernés et exclusions
Procédure applicable :
- Délits passibles de ≥ 2 ans d’emprisonnement
- Délits flagrants ≥ 6 mois de prison
Exclus :
- Crimes
- Contraventions
- Délits politiques ou de presse
- Mineurs
Déroulement de la procédure
Après la garde à vue, le suspect est présenté au procureur de la République, qui décide de saisir le tribunal correctionnel pour une comparution immédiate. Si l’audience ne peut avoir lieu immédiatement, le juge des libertés et de la détention (JLD) peut ordonner dans l’attente du procès :
- Placement en détention provisoire
- Contrôle judiciaire
- Assignation à résidence avec surveillance électronique
Droits du prévenu
Le prévenu bénéficie de plusieurs garanties :
- Assistance d’un avocat (choisi ou commis d’office)
- Assistance d’un interprète si nécessaire
- Consultation immédiate du dossier
- Droit de garder le silence ou de s’exprimer
- Possibilité de demander un délai pour préparer sa défense
Droits de la victime
La victime doit être informée de l’audience et peut :
- Se constituer partie civile
- Être entendue par le tribunal
- Formuler une demande de dommages-intérêts
Délais et modalités de l’audience
- Jour même en principe ou maximum 3 jours ouvrables
- Report possible si le prévenu demande un délai ou si le Tribunal décide de renvoyer d’office le dossier (par exemple en cas de surcharge de l’audience)
- Le délai légal de renvoi du dossier est de 4 à 10 semaines
Conséquences et sanctions
La comparution immédiate peut entraîner :
- Peine de prison ferme (mandat de dépôt possible)
- Peine avec sursis
- Amendes
- Travail d’intérêt général
- Peines complémentaires (interdiction de contact, de séjour, etc.)
Voies de recours et appel
Après le jugement :
- Le prévenu, la partie civile ou le ministère public peuvent interjeter appel
- La partie civile voit son appel limité aux intérêts civils
- La cour d’appel statue dans un délai de 4 mois si le prévenu est détenu
Enjeux et critiques
La comparution immédiate est critiquée pour son caractère expéditif et la brièveté des débats. Elle touche principalement des hommes jeunes, précaires ou étrangers, soulevant des questions sur l’équité sociale.
Cependant, elle permet une réponse judiciaire rapide, évitant la prolongation inutile de la détention provisoire et la congestion des tribunaux.
Questions fréquentes
Quels sont les principaux avantages et inconvénients de la comparution immédiate ?
La comparution immédiate présente l’avantage d’offrir une réponse judiciaire rapide, ce qui peut être dissuasif pour la récidive et rassurant pour la société. Elle permet également de désengorger les tribunaux en traitant sans délai les affaires simples et caractérisées. Cependant, cette rapidité s’accompagne d’inconvénients majeurs : le temps de préparation de la défense est très réduit, ce qui peut nuire à l’équité du procès. De plus, la procédure favorise le placement en détention provisoire et touche principalement des personnes en situation de précarité, soulevant des questions d’égalité devant la justice.
En pratique, la comparution immédiate doit donc être utilisée avec discernement, en veillant à l’équilibre entre efficacité de la justice et respect des droits fondamentaux du prévenu. Les critiques récurrentes concernent la qualité du débat contradictoire et la personnalisation des peines, qui peuvent être compromises par la brièveté de l’audience.
Quelles garanties sont offertes au prévenu lors d’une procédure de comparution immédiate ?
Le prévenu bénéficie de plusieurs garanties essentielles : il doit être informé de ses droits, notamment celui d’être assisté par un avocat choisi ou commis d’office, et de demander un délai pour préparer sa défense. Il a aussi le droit de consulter immédiatement son dossier, de garder le silence et d’être assisté d’un interprète s’il ne comprend pas le français. Ces droits sont explicitement prévus par le Code de procédure pénale et leur respect est contrôlé par le président du tribunal correctionnel.
Toutefois, la rapidité de la procédure impose une vigilance accrue pour que ces garanties ne restent pas théoriques. Les avocats de permanence jouent un rôle clé pour assurer une défense effective, même dans les situations d’urgence.
Comment se déroule l’appel d’un jugement rendu en comparution immédiate ?
Après un jugement en comparution immédiate, le prévenu, la partie civile ou le ministère public peuvent interjeter appel dans un délai de dix jours. L’appel suspend l’exécution de la peine sauf en cas de mandat de dépôt, auquel cas la détention se poursuit jusqu’à la décision de la cour d’appel.
La cour d’appel doit statuer dans un délai de quatre mois si le prévenu est maintenu en détention provisoire, sous peine de libération. L’appel permet un réexamen complet de l’affaire, tant sur la culpabilité que sur la peine, offrant ainsi une seconde chance au prévenu et un contrôle sur la décision initiale.
La comparution immédiate est-elle adaptée à toutes les infractions pénales ?
Non, la procédure de comparution immédiate est strictement réservée à certains délits : elle ne s’applique ni aux contraventions, ni aux crimes, ni aux mineurs, ni aux délits de presse ou politiques. Elle concerne uniquement les faits passibles d’au moins deux ans d’emprisonnement (ou six mois en cas de flagrant délit) et pour lesquels l’affaire est en état d’être jugée sans enquête complémentaire.
Lorsque l’infraction est plus complexe, nécessite des investigations supplémentaires ou concerne des catégories exclues, la justice recourt à des procédures classiques, plus longues mais mieux adaptées à la gravité ou à la spécificité des faits.

